mardi 30 janvier 2024

Un Après-Midi Pour les Arts…

 

 

Le grenier du siècle

 

C’est l’histoire d’un voyageur, un doux rêveur, un peu nomade qui aime l’invisible ; ou plutôt qui aime s’amuser à le faire surgir du silence des mots, dans l’ombre, entre les portes mi-closes, derrière les rideaux de souvenirs, entre les volets clos de mystères , ou dans un grenier…

 

Tout peut paraître à tout instant… C’est un jeu, un jeu surprenant… une sorte de pochette surprise !

Au petit déjeuner par exemple : bien calé derrière une fenêtre fleurie de géraniums vermillons pourquoi pas ; à l’aube, au levant, plus rarement au couchant ;  la lumière est importante ! Avec encore des saveurs de café au lait accrochées à son palais, ou du thé au jasmin… Alors partir en voyage par-delà les nuages…

 

Soudain, sous les paupières se dessine alors un petit coffret rectangulaire, d’un carton oranger avec une drôle d’étiquette : signes cabalistiques, inconnus du panorama enfantin… l’étui semble coulisser, les deux moitiés glissent avec délice et mystère : un objet d’un certain poids repose à l’intérieur…. Il s’ouvre facilement, comme par enchantement, retenir son souffle, comme embrumé devant un trésor… qu’est-ce donc ? Un objet inconnu… on croit se souvenir d’un mot gravé : HOHNER peut-être ?

 

D’un bel éclat argent lui aussi gravé de symboles étranges sur les deux faces cloutées rivetées sur un corps de bois jaune d’or ! Un bois de fruitier ? Du poirier peut-être ! On demeure interdit tant la découverte est étonnante, vivante !

 

Une rangée de petites cases carrées d’un seul côté, une dizaine peut-être ! Qu’en faire ? Le porter à la bouche ! Souffler ! Aspirer ! Des notes surgissent, semblables à l’accordéon qui s’échappe du gros poste radio avec son œil vert en haut à droite, chez la grand’mère… 

 

Plus tard on apprendra que l’harmonica diatonique cache deux lames dans chaque alvéole, une qui vibre quand on aspire et l’autre quand on souffle !

 

Har-mo-ni-ca ! Har-mo-ni-ca ! Aussitôt on part à l’ouest où il était une fois les yeux à demi clos de Charles Bronson avec les notes de Ennio Morricone ; ou dans le vent avec Robert Zimmerman plus connu sous le nom de Bob Dylan ; ah, j’allais oublier Love me do des Beatles !!!

 

Léger, dans la poche, c’est l’instrument du voyageur et du blues ; le doux son de la liberté, des grands espaces, des steppes, du vent dans les arbres ou entre les dunes du désert, de la mélancolie, de la nostalgie ? De l’espoir, l’espoir d’un ailleurs ?


 

 

Qu’est-il devenu ce trésor resté muet au fond d’un tiroir ?

Il a accompagné le nomade que je suis devenu des Monts du Forez, à ceux du Lyonnais, en passant par la Lorraine, jusqu’à l’estuaire de la Loire…

 

Alors surgit un drôle de grenier chez LU, un Lieu Unique pour ceux qui connaissent cette ancienne usine où sont nés des millions de Petit Beurre, ce gâteau sec inventé en 1886 par Louis Lefèvre-Utile…

 

Par un matin froid et humide de décembre 1999, je me suis présenté à l’accueil du futur Grenier du siècle où des milliers de gens connus (Sonia Rykiel était présente ce jour) ou inconnus sont venus déposer un objet qui leur était cher : le petit harmonica comme momifié, je l’ai laissé là afin de créer avec les milliers d’autres le futur musée destiné à devenir le Grenier du siècle.

 

Vendredi 31 décembre 1999 à 22 heures la clôture des dépôts. Fermeture du Grenier du Siècle à minuit en même temps que l’ouverture officielle du Lieu Unique (espace magique s’il en est !)  le 1er janvier 2000…

 

Chaque fois que je vais à Nantes, je salue ce mur extérieur, ce mausolée étrange où sommeille l’harmonica offert par ma grand’mère, et qui sera ouvert le 1er janvier 2100. Lola ma petite fille aura cent ans…

 JeanPaul Colomb Janvier 2024


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