Nous y voici à Pont-Maugis !
Des années que ce nom revenait à mes oreilles ! Nous y sommes !
Malou y a vécu ses jeunes années avant d'aller vers le sud…
Nous sommes en Ardenne pour une belle semaine…
L'Ardenne : ce vieux massif forestier accidenté enserré par la Meuse
un ensemble franco-belge-luxembourgeois…
Ce jardin-là, Paul Verlaine l'a établi très tôt dans les Ardennes,
de part et d'autre de la frontière, où il ne cessera de revenir
pour toucher à ses sources et s'y rafraîchir l'âme.
L'autre Verlaine, Guy Goffette
L'Abbaye Notre-Dame d'Orval
C’est un pays de
bois,
C’est un pays de roches,
On y entend les cloches
A une lieue de là.
Sur l’horizon
étroit,
Parfois, l’on aperçoit
Le blanc profil d’un moine
Marchant vers les avoines.
Tout y vit comme
pris
Dans l’ombre des taillis.
Seul y luit le renard,
Seule y meurt la perdrix.
Mais on dit que
le soir,
A complies, on peut voir
Le ciel, à l’abbaye,
Ramener ses brebis. Maurice Carême
La vallée de la Semois (Semoy)
La plus féminine des rivières : autant elle est sage et douce tant elle coule en terre lorraine , autant elle se révèle sauvage et rebelle quand elle caresse l'Ardenne.
D'Arlon à Monthermé, sa vallée enchante, surprend et bouleverse.
Escarpements rocheux, prairies alanguies, villages attachants, c'est au détour d'une route de campagne ou d'un chemin forestier, à chaque fois une nouvelle découverte, un nouvel enchantement.
Ponts majestueux ou passerelles plus modestes jetés entre deux rives conduisent toujours en des lieux parfois insoupçonnés.
Alphone de Prémorel
La vallée de la Meuse (Bogny-sur-Meuse)
Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon
enfance,
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : j'ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.
Voici que je m'en vais en des pays nouveaux :
Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,
Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves.
Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse,
Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée.
Tu couleras toujours dans
l'heureuse vallée ;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Monthermé, au confluent de la Semois et de la Meuse (ci-dessous)
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, à jamais écroulés.
La bergère
s'en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je
m'en vais loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons.
Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais,
Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,
Ô Meuse inaltérable, ô Meuse que j'aimais,
Quand reviendrai-je ici filer encor la laine ?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?
Quand nous reverrons-nous ? Et nous reverrons-nous ?
Meuse que j'aime encore, ô ma Meuse que j'aime... Adieu à la Meuse Charles Péguy
Fumay, lovée dans une boucle de la Meuse
Au Cabaret Vert, cinq heures du soir
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure !
–
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud, Cahier de Douai
Dinant : patrie de Adolphe Sax (1814-1894)
Le saxophone (par Recreation) https://lespoetes.net/poeme.php?id=13271&cat=pl
Il joue sur l’instrument qu’il serre tout contre lui
Comme on sirote un verre avec une paille en bouche
Et ressent des frissons à peine qu’il le touche
La musique sort en trombe du métal qui luit
Tout comme les mots s’alignent sur une page blanche
Il sort des fruits vermeils de cette corne d’abondance
Comme un voiler dans la tempête tangue et se penche
Comme une femme prise par la danse balance ses hanches
Pour en extraire des sons comme on presse un agrume
Une eau rafraichissante un baume pour le cœur
Comme une eau de jouvence un vin une liqueur
Quelques touches de regrets des notes d’amertume
Qui font tourner la tête comme un vin fait des bulles
Comme un morceau de sucre fait passer la pilule Alain