Aujourd'hui
où, particulièrement en Méditerranée, l'accueil de ceux qu'on nomme
"migrants" est à l'ordre du jour, les Musées de Marseille entendent
revenir sur quelques trajets exemplaires, dédiaboliser l'idée de migration, et
montrer comment les objets migrateurs - source d’enrichissements culturels -
ont servi à constituer la civilisation que nous disons nôtre, à la diffuser et à
la faire évoluer.
La
Rivière de Cassis roule ignorée
En des vaux étranges :
La voix de cent corbeaux l’accompagne, vraie
Et bonne voix d’anges :
Avec les grands mouvements des sapinaies
Quand plusieurs vents plongent.
Tout
roule avec des mystères révoltants
De campagnes d’anciens temps ;
De donjons visités, de parcs importants :
C’est en ces bords qu’on entend
Les passions mortes des chevaliers errants :
Mais que salubre est le vent !
Que le
piéton regarde à ces claires-voies :
Il ira plus courageux.
Soldats des forêts que le Seigneur envoie,
Chers corbeaux délicieux !
Faites fuir d’ici le paysan matois
Qui trinqué d’un moignon vieux.
Arthur Rimbaud, Derniers vers
Photo : Sur la Route des Crêtes entre Cassis et La Ciotat
Émir de la résistance, saint combattant, fondateur de l’État algérien, précurseur de la codification du droit humanitaire moderne, guerrier, homme d’État, apôtre… Les épithètes – souvent impressionnantes, mais aussi contradictoires – affluent lorsqu’il s’agit d’évoquer l’émir Abd el-Kader, dont nous avons tous entendu parler. Mais connaît-on assez Abd el-Kader ibn Muhyî ed-Dîn ? A-t-on justement présenté celui qui inspira également de nombreux écrivains français, tels Victor Hugo qui l’appela « l’émir pensif, féroce et doux », Arthur Rimbaud qui le surnomma « le petit-fils de Jugurtha », ou encore le facétieux Gustave Flaubert qui indiquait qu’« “émir” ne se dit qu’en parlant d’Abd el-Kader » ?
L’exposition présentée au Mucem entend remettre en lumière la figure d’Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle. À l’aide des recherches les plus récentes, de sources nouvelles et de collections inédites, elle déroule le fil chronologique de sa vie et explore certains aspects saillants de sa personnalité et de son action. Par-delà les éloges et les critiques, la fascination qu’il continue d’exercer invite à une meilleure connaissance de son expérience d’homme ; une expérience riche d’enseignements pour les générations actuelles et futures.
Le vieux port
Mille et
mille bateaux jouent à la balancelle,
On en a le tournis rien qu’en les regardant.
Et pourtant ce n’est pas en un jour de très grand vent,
Seule une brise molle agite les nacelles.
Autrefois
le Vieux Port régnait sur des venelles
Où l’on traficotait depuis l’aube des temps.
Mais tout s’est écroulé quand la guerre d’antan
Les a dynamitées, saccageant les ruelles.
Aujourd’hui
le bassin affiche un air civil.
Il est très bien rangé au centre de la ville
Et n’a plus une amarre où mettre des pointus.
Tout
nimbé de l’or roux d’une riche lumière,
Il ne supporte plus sur son ventre dodu
Que des bateaux cossus pour coûteuses croisières.
Jacques Testa
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