dimanche 31 mai 2020

Pique-nique à Port des Barques



L'été s'est installé dès la mi-mai,

et l'appel du large revient souvent en fin d'après-midi…

Aussi, quand le soleil commence à ralentir son ardeur,

nous préparons le casse-croûte à emporter au bord de l'eau…


Et nous voici à Port des Barques que nous apprécions depuis longtemps,

surtout pour la qualité de ses huîtres dégustées maintes fois

sur l'île Madame, juste en face, quand la Passe aux Bœufs est dégagée des flots…

Soleil couchant

Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.

A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid

Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.

Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.

L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
                       José-Maria de Hérédia

vendredi 29 mai 2020

Les anciennes salines à Oléron


À partir du château d'Oléron

Redécouvrir des espaces enchanteurs

connus lors de nos années saintaises…

Ce matin, nous décidons de découvrir la boucle

depuis la porte d'Ors du Château d'Oléron… à l'envers

de celle effectuées en août 2014 ! Voir la page de :
                                                                                                  http://papyllon-saintonge.blogspot.com


Les marais demeurent un espace de contemplation :


nous avançons à pas lents, comme suspendus

entre nuages légers et reflets salés pour quelques heures délicieuses…

« Figurez-vous une glace appliquée sur le sol et une échelle couchée sur cette glace,

ou mieux encore une fenêtre posée à plat avec son châssis et ses vitres ;

donnez à cette fenêtre un quart de lieue de tour. Vous aurez un marais salant.

Quand la vitre se dépolit, c'est que le sel se fait.

Représentez-vous une langue de terre longue, plate, étroite,

qui apparaîtrait au regard couverte de ces immenses fenêtres 

laissant à peine entre elles d'étroites bandes de terre aux ajoncs et aux tamarins ;

ça et là quelques prairies, quelques champs de vigne, qu'on engraisse avec des varechs

et qui donnent un vin huileux et amer, quelques bouquets d'arbre, quelques sentiers… »

Victor Hugo sur l'île d'Oléron  (1843)

jeudi 28 mai 2020

La haute falaise de Lauzières


Nous voici à Nieul sur Mer au nord est de La Rochelle

sur les rives du Pertuis Breton…


Sentier côtier du Pas de l'Assassin au Port de Plomb

d'où nous apercevons les côtes de l'île de Ré…


Pertuis : détroit de mer sur les côtes du Poitou d'après Diderot

dans son encyclopédie du XVIIIe siècle.

La particularité des côtes charentaises réside

dans la trinité nommée "mer des pertuis"

formée par les Pertuis Breton, d'Antioche

(entre les îles de Ré et d'Oléron) et de 

Maumusson (entre l'île l'île d'Oléron et la côte saintongeaise).


Ce n'est qu'une hypothèse, mais retenez ceci :

le corps a une mémoire, votre psyché aussi.

Quand le pan d'une falaise s'écroule soudain dans la mer,

tout le monde sait bien que ce n'est pas une fêlure spontanée

et immédiate qui a provoqué cette chute.

Il y a déjà très longtemps que les fissures et les craquements souterrains

avaient commencé leur invisible travail de sape.

Philippe Labro
Tomber sept fois, se relever huit 

vendredi 22 mai 2020

Le canal de la Route d'Eau


La Venise Verte

« Incontournable, immanquable, inévitable, nécessaire ! »

dixit le Routard Poitou Charentes…

Nous l'avons découvert ce jour-là


à partir de Taugon, aux portes du Marais poitevin,

tout au nord du département de Charente-Maritime.


Là, s'ouvre un espace de 100 000 hectares, entre Niort et l'Océan Atlantique…

Le marais asséché est exploité en prairies et cultures.

Arrosé par la Sèvre Niortaise, le marais mouillé a été peu à peu assaini

et aménagé en véritable marais bocager surnommé la Venise verte…

Ô richesse du lieu que brasse la couleur
Ta nature enivrante s’abandonne en rameaux
Se pare de verdure la berge du siffleur
 
Cet autre chant j'ouïs tout fleurant les canaux

Poussée à la pigouille, l'échappée poétique 
Sous le frêne et le saule où perce la prairie
Espaces ménagés sur celui hydraulique
L'herbivore laitière adorne la féerie

Venise verte élue en joyau vénéré
Richesse de l'évail aux baies de la passion
La conche Poitevine va le héron cendré
Paysages singuliers d'une étrange région
                                                                        G. Artal / Voyage mai 2009

mercredi 20 mai 2020

Le long du Mignon




Escapade en pays d'Aunis

Lors de nos cinq années vécues en Saintonge,

nous avons ignoré les terres de l'Aunis

la région nord de la Charente-Maritime…

Première semaine de déconfinement :

cap aux limites du département, aux portes des Deux-Sèvres

sur les rives du Mignon, gentil affluent de la Sèvre niortaise…

Nous voici donc à Cram-Chaban aux portes du Marais poitevin

près du canal du Mignon, à la recherche des écluses de Sazay.

Elle était si grande la joie qu'elle jaillissait  la rivière

elle jaillissait la source entre les herbes et pissait en riant


Si grande si grande qu'au-dessus des iris d'eau gambillaient les étoiles

et flottaient au vent d'ouest des lambeaux nébuleuses grande gaité des astres

et les jaunes gonflés des sucs de la mémoire de ce jour


La joie se balançait tout au long du chemin échevelé des hautes herbes

aux arbres neufs y avait la feuille tendre et le bouton volontaire

aux champs y avait l'herbe la vache et le mouton

aux cieux y avait l'oiseau et de doux mirlitons

aux murs du canal tranquille y avait l'lézard et le colimaçon
D'après La fête au village in Si tu t'imagines
de Raymond Queneau


jeudi 14 mai 2020

Le jour d'après… (4)


Le jour d'après… (fin)


Le jour d’après, réaliser un conte digne
afin de saluer la beauté, toutes les beautés
ne plus se contenter d’à peu près,
oublier les vieilles habitudes,  éternelle fuite en avant,
faire son métier de Femme, d’Homme,
secouer la sciure, les oripeaux du temps, 
reprendre la barre, naviguer, dépasser l’horizon
l’horizon bouché par nos petites querelles…

Le jour d’après, se réveiller enfin, debout !
ne plus se contenter d’un lit de cendre froide
réveiller à l’encre rouge sa mémoire assoupie,
vivants, oui nous sommes vivants, debout !
une lame de silex, telle une écharde bleue
déchire les chairs pourpres de nos cieux
obscurcis par tant de faiblesse et de paresse
alors que se lève le soleil et s’ouvre le chemin…
Jean-Paul C.
J’ai compris aussi l’avantage de l’immobilité sur un point du monde :
en regardant tourner les saisons sur un même lieu, on voyage toujours ; on voyage avec la Terre.
                                                                                                                                                                          Marguerite Yourcenar

mercredi 13 mai 2020

Le jour d'après… (3)



Le jour d'après… (suite)


Le jour d’après, la fumée se dissipe, se dissout
derrière tes paupières irisées d’écume
tes yeux émaillés de rêves lointains
tels des pétales de nuit dispersés
par des souffles profonds venus de loin
découvrent des cyprès de silence
des collines tendres et tièdes
peuplées de sourires inhabituels…

Le jour d’après, il nous faut l’inventer
le faire, le créer, le nourrir, l’écrire,
— oui — l’écrire, l’écrire à l’encre rouge
dans le brouillon de chaque jour,
écrire, c’est faire vivre,
c’est imaginer et dessiner des lumières,
même si toute époque a un avenir
qui meurt avec elle, lentement mais respire…

(à suivre…) 

Jean-Paul C.

mardi 12 mai 2020

Le jour d'après… (2)



Le jour d'après (suite)

Le jour d’après, tu cherches autour, alentour
jusqu’au creux de toi-même
et cet air là se transforme et prend chair
car les morts ne sont pas oubliés
non, ils sont bien là,
les entends-tu ? les vois-tu ?
au-dessus des peupliers,
au-dessus de leurs silhouettes tremblées…

Le jour d’après, les voix s’élèvent
de l’autre côté de l’écran, bleu peut-être
poussées par le vent, d’ouest peut-être
des voix connues et inconnues
c’est ta mère, c’est ton père
qui chantent autour, alentour
en dedans même comme des vapeurs iodées
jetées sur les galets encore mouillés…

(à suivre)
Jean-Paul C.

lundi 11 mai 2020

Le jour d'après… (1)



Le jour d’après…

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.
Blaise Pascal

Le jour d’après, c’est comme un immense réservoir
un réservoir de rêves, de souhaits, d’espoir, d’espérance,
une immense page blanche sans format…
un brouillon, une esquisse, un trait, 
un dessin, un destin, un dessein, 
mais incontestablement là — ou parfois, dans le doute
nulle flamme, nul signe d’espoir, nulle trace de vie
pas la moindre odeur, le moindre frisson, noir…

 Le jour d’après, tu cherches à travers le brouillard blanc
incolore, inodore, le sens du fleuve…
tu cherches des pans entiers d’un monde vivant
un monde devenu imprécis, mais encore vivant,
entends-tu son souffle : inspirexpire…
un monde où refont surface des voix d’ailleurs
— anges ? fantômes ? chants ? odes ? louanges ? —
comme des notes d’arabesques, des airs inconnus…
(à suivre…)
Jean-Paul C.

jeudi 7 mai 2020

Confinement (8)


Lune des fenêtres…

Les hommes glissent comme des poissons
Derrière la lumière de lune des fenêtres
Combien de fois par semaine faut-il changer l'eau du théâtre ?
Sur l'écran de télé les morts heureux demandent
Qu'on applaudisse leur imitation de la joie
Mes trois plantes n'ont jamais tremblé
Quand je fais entrer le vent à petite toux dans la maison.

 Emmanuel Godo
Extrait de Puisque la vie est rouge

samedi 2 mai 2020

Confinement (7)


Murs de ma prison…

Je suis amoureux de la lune…
Mon cœur qu'un vain rêve importune
Est fleur qui ne s'épanouit
Que sous la lune et dans la nuit…
Il n'est de rêve qu'âme une…

Mes heures conscientes sont
Passées dans mon propre horizon…
Courbé de mon lointain, je rêve
Ma propre absence, et je m'enlève
À mon corps, murs de ma prison…

                                                                                                                     Fernando Pessoa
                                                                                                                     Extrait de Rue transversale,
                                                                                                                     dans Poèmes français

L'été entre Rochefort et Oléron

Les lutins d'abord ! Trois (Jean-Lou n'est pas encore en congé !) d'abord arrivés en voiture (fatiguée !)… Dégustation d'huî...